Quel est votre parcours ? Comment est né cet amour pour la vigne ?
En tant que fils de viticulteur et négociant dans le Saint-Émilionnais, j’incarne la 4ème génération d’une famille d’origine corrézienne venue dans la région au début du 20ème siècle pour se lancer dans la production de vin et le négoce.
Après un cursus d’ingénieur des techniques agricoles, j’ai naturellement pris la relève.Je suis ingénieur agronome de formation et j’exerce le métier de vignerons sur les propriétés familiales de Pomerol et Lalande de Pomerol.Depuis 2013, j’ai pris la direction de l’exploitation viticole du Château Malromé où je suis en charge du vignoble et de sa conduite en agriculture biologique, ainsi que des vinifications et de l’élevage des vins. Fonction que je cumule avec celle de directeur d’exploitation du Château Malromé depuis 2013.
Comment êtes-vous devenu directeur d’exploitation du Château Malromé ?
Au début de l’année 2013, la famille Huynh, avec qui ma famille est liée par alliance, me demande de les accompagner et conseiller dans le choix d’acquisition d’un Château viticole en Bordelais.
Après l’étude des potentialités – notamment viticoles – du domaine, ils ont rapidement un coup de cœur pour le Château Malromé. N’étant pas sur place à l’année, la famille Huynh se décide à acheter à une seule condition : que je prenne la direction de l’exploitation du Château. Ce que j’accepte volontiers en gardant un ancrage dans la gestion de mes propriétés familiales.
Que représente concrètement cette fonction ?
La Direction de l’exploitation consiste à organiser tous les facteurs de production : vigne, chai, personnel, prestataires, fournisseurs… L’objectif principal est de penser la production du vin sur le long terme tout en préservant et ajustant sa qualité. Attention, on parle ici de prévoir l’évolution des vins sur 40 voir 50 ans !
Bruno Lacoste, l’œnologue du domaine Malromé m’aide à accomplir cette tâche pointue. Millésime après millésime, nous intervenons à chaque étape de l’élaboration du vin en nous accordant toujours à la climatologie. Les meilleures parcelles sont sélectionnées pour l’élaboration des différentes cuvées et les choix d’assemblages entre les cépages varient en fonction des millésimes. Ensuite, nous opérons les choix techniques nécessaires liés à la vinification et l’élevage des vins : macération, températures, élevage en barriques ou en cuve… Puis vient la préparation des vins à la mise en bouteille, étape ultime de la production ! Le tout agrémenté de nombreuses dégustations.
Que vous évoque l’histoire du Château Malromé et de son vin ?
Malromé est un château historique qui a traversé les âges avec notoriété. Il est évidemment lié à l’art, la culture et la gastronomie par la présence du peintre Henri de Toulouse-Lautrec. C’est un domaine empreint d’un véritable art de vivre.
Il faut également préciser que les traces de la culture de la vigne sur le domaine remontent au Moyen-Âge ! Ce qui témoigne d’une géolocalisation favorable pour son exploitation.
Quelles sont les spécificités du vignoble de Malromé ?
C’est un vignoble de coteaux, c’est-à-dire au relief vallonné, ce qui est assez rare dans la région. Le terrain bénéficie donc de pentes qui assurent un bon drainage des sols couplé avec une bonne exposition au soleil.
Avant que le Château Malromé ne soit racheté par la famille Huynh, le vignoble n’était pas exploité de façon rigoureuse. Il n’y avait pas eu de réel investissement depuis plus de 10 ans et les quantités de production étaient très basses.
Depuis 2013, le vignoble a bénéficié de nombreux investissements. Les premiers travaux ont été faits sur les outils de production : cuverie et chai d’exploitation moderne avec des outils techniques de premier plan. Plusieurs vieilles parcelles ont été arrachées et nous replantons tous les ans pour plus de densité en adaptant les cépages aux différents sols.
Dès le départ, nous avons privilégié une agriculture durable et raisonnée, respectueuse du sol du terroir et des hommes. Nous sommes très précautionneux dans le choix de nos produits toujours les moins dangereux possible.
Vous avez indiqué que votre fonction nécessite une réflexion prospective très importante, comment envisagez-vous l’avenir ?
Lorsqu’on envisage l’avenir, on ne peut pas laisser de côté les changements climatiques et son réchauffement qui aura une incidence directe sur la production du vin.
Nous avons décidé d’anticiper ces évolutions et d’innover. Nous venons de recevoir les autorisations nécessaires pour faire des essais avec des cépages étrangers comme le très bon « Touriga Nacional », venu du Portugal, qui résiste bien aux sécheresses et chaleurs.